Tsoundzou 2 : les exilés du camp démantelé laissés à la rue

par | 10 Oct 2025 | Social, Société

Le compte à rebours est lancé à Tsoundzou 2. Dans ce camp de fortune promis à la démolition, les opérations de relogement se succèdent sous un soleil de plomb et dans un climat de tension croissante.


Si certains ont reçu une notification leur garantissant un hébergement d’urgence, plus de 900 personnes restent aujourd’hui sans solution. D’ici au 21 octobre, elles devront pourtant quitter les lieux rapporte le Journal de Mayotte.

Depuis le 28 septembre, associations et services mandatés par la préfecture sillonnent le camp, liste à la main, pour retrouver les bénéficiaires d’un hébergement temporaire. Mais avant de pouvoir monter dans les véhicules qui les emmèneront vers leur nouveau logement, les familles doivent abattre de leurs propres mains leurs cases de tôle et de bambou.
Pas de gants, pas d’outils, seulement la peur et la fatigue. “Ils nous ont dit de tout démonter sinon on ne partirait pas”, souffle Abdallah, 22 ans. “Sur huit habitants de notre case, seuls six ont une place ailleurs. Moi et mon ami, on a été laissés dehors.”

Le camp, né après le cyclone Chido en février, abritait à l’origine une centaine de personnes. Il en compte aujourd’hui plus de 1 200, selon les relevés de la Direction de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DEETS).
Mais avec seulement 327 places disponibles sur toute l’île, les relogements sont loin de couvrir les besoins. En clair, plus de 900 personnes seront à la rue au lendemain de la destruction du camp, un chiffre jugé “inévitable” par la préfecture, qui invoque la loi pour la refondation de Mayotte.

Adoptée pour accélérer la lutte contre l’habitat informel, cette loi autorise jusqu’en 2034 l’évacuation et la destruction de logements illégaux sans garantie de relogement effectif. Un cadre que plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, jugent contraire aux droits fondamentaux.
Pourtant, le préfet François-Xavier Bieuville assure que les places d’urgence sont attribuées “en priorité aux personnes vulnérables”. Sur le terrain, la réalité est bien différente : des familles avec enfants en bas âge restent sans notification, observant avec amertume les camions emporter les chanceux.

À mesure que les cases s’effondrent, le camp se vide et les regards se perdent. Les sols sablonneux gardent l’empreinte des habitations arrachées, des morceaux de vie balayés au nom de la légalité.
Ceux qu’on appelle désormais les “sans-notifications” dorment sous des bâches, en attendant un miracle administratif. “Quand ils auront fini de démolir, qu’est-ce qu’on va devenir ?”, murmure Abdallah.


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