À peine nommé, Sébastien Lecornu a remis sa démission à Emmanuel Macron dans la nuit de dimanche à lundi. En moins de 24 heures, le nouveau gouvernement s’effondre, plongeant l’exécutif dans un chaos institutionnel inédit rapporte Mayotte La 1ère.
Dans les Outre-mer, les réactions oscillent entre consternation, lassitude et appel au sursaut démocratique.
« Je dormais quand mon téléphone s’est mis à vibrer », raconte Béatrice Bellay, députée socialiste martiniquaise. « J’ai compris tout de suite que ce serait encore un séisme politique. »
Le troisième en moins d’un an : après la motion de censure de décembre 2024, puis la chute du gouvernement en septembre, le Premier ministre Lecornu a préféré jeter l’éponge avant même son discours de politique générale.
Pour Élie Califer, député guadeloupéen, cette énième crise symbolise une fin de règne : « C’est une ambiance de décomposition politique, une Macronie à bout de souffle. Pendant que Paris se déchire, nos territoires souffrent. »
Même du côté des soutiens du président, le désarroi est palpable. Marie-Laure Phinéra-Horth, sénatrice de Guyane, concède que Lecornu « n’aurait pas pu gouverner dans un tel contexte ».
Les élus ultramarins s’accordent sur un point : il faut en finir avec l’instabilité. Mais les solutions divergent.
Certains, comme la députée maoraise Anchya Bamana (RN) ou la sénatrice Micheline Jacques (LR), réclament une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale : « Il faut redonner la parole au peuple pour rebâtir une majorité claire. »
À gauche, on appelle plutôt à un gouvernement d’union progressiste. La sénatrice réunionnaise Audrey Bélim plaide pour « un Premier ministre de gauche » capable de porter un programme socialiste et budgétaire cohérent.
Mais pour d’autres, cette valse des gouvernements est la preuve que le problème se situe plus haut.
« Macron doit démissionner, il a échoué à gouverner la France », lâche le député guadeloupéen Christian Baptiste, rejoint par la Réunionnaise Karine Lebon.
Dix parlementaires d’Outre-mer ont même signé une proposition de loi pour engager la destitution du présidentdevant la Haute Cour.
Pendant que Paris s’enfonce dans la crise, certains élus craignent des répercussions très concrètes.
Le sénateur Saïd Omar Oili s’inquiète pour la reconstruction de Mayotte après le passage du cyclone Chido : « Quatre milliards d’euros avaient été votés, mais ces financements dépendent du prochain budget. Sans gouvernement, tout est suspendu. »
Emmanuel Macron, qui a accepté la démission de Lecornu, lui a toutefois confié 48 heures pour tenter de bâtir une “plateforme de stabilité”.
Mais dans les Outre-mer, la patience semble épuisée : entre instabilité nationale, promesses gelées et sentiment d’abandon, beaucoup estiment que la “Macronie” touche à sa fin. « À force de gouverner sans écouter, on finit par gouverner seul — et tomber seul », résume un élu réunionnais.