Requins en approche, vigies en retrait : la Réunion confrontée à un vide sécuritaire en mer

par | 18 Avr 2025 | Insécurité, National

Le 30 avril 2025 signera la fin d’un chapitre clé dans la protection des plages réunionnaises. Les Vigies Requins Renforcées (VRR), en première ligne depuis près de dix ans pour sécuriser les activités nautiques, s’apprêtent à tirer leur révérence.


Une décision prise au moment même où la menace des squales resurgit, attisée par les perturbations marines causées par le passage du cyclone Garance rapporte le Journal de Mayotte.

Depuis 2015, les VRR ont su redonner confiance aux surfeurs et baigneurs de la côte Ouest, meurtrie par une vague d’attaques mortelles au début des années 2010. Grâce à leurs rondes en mer menées par des apnéistes expérimentés, et à l’appui de dispositifs de détection, aucun accident n’avait été enregistré sur les zones surveillées. Leur efficacité, indéniable, laisse aujourd’hui place à un flou.

Dès mai, la surveillance du littoral sera confiée à une nouvelle entité : la Brigade de Sécurité des Activités Nautiques (BSAN), portée par l’association Ressac. Son champ d’action, plus large, couvrira toutes les activités nautiques entre Boucan-Canot et Saint-Pierre. Sur le papier, une montée en puissance. Mais sur le terrain, les incertitudes dominent.

Car en parallèle de cette transition, les signaux d’alerte s’accumulent. Depuis le cyclone Garance, les eaux troubles et chargées en déchets ont attiré un nombre inhabituel de requins bouledogues et tigres à proximité du rivage. En un mois, 32 squales ont été capturés, selon le Centre Sécurité Requin, un record inquiétant.

Le directeur des VRR, Hervé Geollot, ne cache pas ses inquiétudes : “On abandonne un dispositif éprouvé, sans avoir de garantie sur l’efficacité du suivant, ni de visibilité sur l’accompagnement des équipes sortantes.” Vingt-quatre agents spécialisés sont aujourd’hui dans l’incertitude la plus totale.

Pour les professionnels de la mer, comme Thierry Martineau, président de la Ligue Réunionnaise de Surf, la prudence est de mise. “Le contexte post-cyclonique augmente considérablement le risque. On ne sait pas encore si la BSAN sera capable de répondre aussi vite et aussi précisément que les VRR.”

Alors que les conditions environnementales deviennent de plus en plus imprévisibles sous l’effet du dérèglement climatique, cette transition stratégique soulève une question plus vaste : les dispositifs de sécurité côtière sont-ils armés pour suivre le rythme des bouleversements à venir ?

En attendant que la BSAN fasse ses preuves, le Centre Sécurité Requin appelle à la plus grande prudence : éviter les mises à l’eau hors zones aménagées, limiter les activités nautiques après les pluies et ne jamais partir seul. Car dans les eaux agitées de l’Océan Indien, la vigilance reste la seule bouée de sauvetage fiable.


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