À Kawéni, l’urgence est palpable. Sous un soleil de plomb, on rebâtit ce qui peut l’être. Rouaidat Attoumane, mère de six enfants, ne peut que constater les dégâts. « On est arrivés au centre d’hébergement quand il était presque trop tard. Notre maison est réduite à néant, il ne nous reste rien», raconte-t-elle, le regard perdu. Autour d’elle, 2 000 personnes ont trouvé refuge dans des salles de classe improvisées rapporte Mayotte Hebdo. Mais depuis dimanche, aucune eau ni nourriture n’ont été distribuées. « On a entendu à la radio qu’on pouvait venir ici, mais où sont les mairies ? Les agents municipaux ? » s’interroge Mounaiyati, une adolescente de 17 ans.
Plus bas, sur les collines de Kawéni, le paysage est désolant. Les cases en tôle sont éparpillées comme des jouets démembrés. Certains hommes, comme Kamal Nadhoim, s’affairent pour reconstruire des toits. « Ma maison a tenu, mais celle de ma cousine est par terre. On fait ce qu’on peut, mais où trouver à manger ? » souffle cet habitant de Lazerevouni.
Sur la route nationale 1, la scène vire au chaos. Des centaines de voitures stagnent devant la station-service de Kawéni. Bidon à la main, Wamze, venu de Bouéni après presque trois heures de route, exprime son désespoir : « Je suis ici depuis 10h pour de l’essence, nos denrées alimentaires pourrissent. On dit que les réparations avancent, mais seules les forces de l’ordre ont été servies. Elles étaient où quand le cyclone a frappé ? » Il repart bredouille, prêt à revenir le lendemain. « On n’a pas le choix.»
Pendant ce temps, plusieurs ministres arpentent les zones sinistrées, mais leur visite laisse un goût amer. « Les médias locaux n’ont même pas été invités,» dénonce Marie, enseignante à Kawéni. « On se demande ce que fait l’État. On est seuls.»