À l’issue d’une audience houleuse, les juges ont prononcé des peines allant de 18 mois à 3 ans de prison ferme, sanctionnant sévèrement les prévenus pour des faits de destruction, violence, rébellion et séquestration rapporte Mayotte La 1ère.
C’est dans un climat déjà tendu que des détenus ont déclenché une mutinerie à Majicavo, avec pour point d’orgue la prise en otage d’un surveillant. La présidente du tribunal a rappelé que cette révolte aurait pu tourner au drame, notamment avec les incendies allumés dans plusieurs cellules. « Heureusement, personne n’a perdu la vie, mais les dégâts sont considérables », a souligné la procureure.
Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet pour la majorité des accusés, avec toutefois un durcissement pour deux d’entre eux, considérés comme les instigateurs du mouvement. Ces derniers ont écopé des peines les plus lourdes, trois ans de prison ferme, marquant un signal fort contre la violence carcérale.
Si les prévenus ont tenté de justifier leurs actes en invoquant des conditions de détention « inhumaines », leurs arguments n’ont pas trouvé grâce aux yeux de la cour. Les détenus ont décrit un quotidien fait de brimades, de violences verbales et physiques de la part des surveillants, évoquant des repas jetés au visage ou des demandes administratives systématiquement ignorées. L’un d’eux a même dénoncé des passages à tabac « dans des angles morts des caméras ».
Cependant, la présidente a rappelé que ces justifications ne sauraient excuser les scènes de violence et de destruction qui ont suivi. Plusieurs surveillants, présents à l’audience, ont témoigné d’un « désir de vengeance » de la part des mutins, soulignant que leur objectif était clairement de « semer le chaos » dans l’établissement.
La facture de cette mutinerie est salée : près de 185 000 euros de dégâts matériels. Caméras brisées, bureaux incendiés, cour de promenade saccagée… Autant de dommages qui viennent s’ajouter à la liste des défis auxquels fait face la prison de Majicavo, déjà tristement célèbre pour sa surpopulation. Selon les syndicats, l’établissement a récemment atteint un triste record, hébergeant plus de 700 détenus pour seulement 278 places prévues.
« C’est autant de moyens en moins pour améliorer vos conditions de détention », a asséné la présidente aux accusés, soulignant le paradoxe d’une révolte qui n’a fait qu’aggraver la situation.
Les détenus, reconduits en cellule, ont quitté le tribunal sans un mot. Quant aux familles, présentes dans la salle, elles ont quitté les lieux dans le silence, la mine sombre.