Le suspect, âgé de 37 ans et résidant à Mayotte, a été arrêté jeudi sur l’île d’Anjouan, selon les informations fournies par le colonel Ahmed Tachfine rapporte Mayotte La 1ère.
L’homme aurait reconnu être le propriétaire du bateau qui a chaviré, ainsi que l’acheteur du matériel utilisé pour organiser la traversée périlleuse. Son arrestation marque un tournant dans l’enquête visant à démanteler le réseau de passeurs qui exploitent cette route migratoire dangereuse entre les Comores et Mayotte.
Parmi les rares survivants de ce drame survenu le 1er novembre, un jeune homme de 19 ans, expulsé de Mayotte quelques mois plus tôt, a raconté à l’AFP que le bateau aurait été volontairement coulé par les passeurs avant que ces derniers ne s’enfuient à bord d’un hors-bord. Selon ce témoignage bouleversant, l’abandon des passagers à la dérive dans une mer agitée aurait précipité le drame.
Le jeune rescapé, qui doit sa survie à ses compétences en natation, a été récupéré par des pêcheurs locaux au petit matin, après avoir passé des heures à lutter contre les vagues. Une tragédie qui laisse derrière elle des familles endeuillées et relance le débat sur les conditions extrêmes de ces traversées clandestines.
Le bilan des victimes reste incertain. Alors que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) évoque au moins 25 morts, la gendarmerie comorienne n’en a confirmé que 17 pour le moment. Deux autres passeurs, qui auraient fui en pleine mer, sont désormais identifiés et font l’objet d’une chasse à l’homme intensive.
Le suspect arrêté encourt de lourdes peines : jusqu’à dix ans de prison pour appartenance à un groupe criminel organisé, trois ans pour transport illégal de migrants, sans compter d’éventuelles poursuites pour homicide.
Ce naufrage s’ajoute à une série d’autres drames récents dans le bras de mer séparant Anjouan de Mayotte, long de seulement 70 kilomètres mais tristement célèbre pour ses traversées périlleuses. Au cours des trois derniers mois, deux autres naufrages de kwassas ont déjà endeuillé cette zone.
Depuis que Mayotte a officiellement rejoint le giron français en 2011, les tentatives désespérées de traversée se multiplient. Un rapport sénatorial publié en 2012 estimait déjà entre 7.000 et 12.000 le nombre de morts et disparus sur cette route depuis 1995. Malheureusement, cette tragique réalité semble loin de s’arrêter, malgré les efforts déployés pour démanteler les réseaux de passeurs.