Le village de Mramadoudou paralysé depuis lundi dans la nuit 

par | 30 Nov 2023 | Insécurité, Société

Pour lutter contre l’insécurité et expulser un habitant qu’ils jugent responsable de leurs maux, des habitants de Mramadoudou ont dressé des barrages routiers lundi, vers 2h du matin. Ce mercredi, le village interdisait toujours l’accès aux véhicules. 


Le village de Mramadoudou tourne au ralenti depuis lundi dans la nuit. De part et d’autre de la route, des barrages ont été dressés par les habitants. A l’intérieur, seuls les piétons sont autorisés. Vers l’ouest, les véhicules sont stationnés les uns derrière les autres, des deux côtés de la chaussée. « On en a marre des vols et du vandalisme sur nos véhicules et nos biens », lance César* un habitant du village, qui souhaite conserver l’anonymat par peur des représailles. Devant des bennes à ordures, du mobilier et autres pneus entassés, il pointe la responsabilité d’un occupant d’un terrain du conseil départemental, qu’il utiliserait illégalement.

« Cet homme a construit des bangas sur ce terrain qui ne lui appartient pas. Il les loue à des personnes mineures comme majeures, sans papier, qui racket les habitants pour lui verser un loyer. Et il s’adonne à des activités de proxénétisme avec des jeunes femmes venues des Comores », assure-t-il. A ses côtés, une autre habitante complète, « l’affaire date de 2018. On demande aux autorités de l’expulser mais rien n’est fait. » 

 

Seule option pour continuer à circuler : faire demi-tour

 

Ce mercredi, Mohamed*, bidons à la main, se dirige vers la station essence à pied. « C’est la galère », soupire-t-il, sous une chaleur de plomb. Assani*, de son côté, est venu récupérer une pièce auto. « J’ai garé ma moto devant les barricades, on n’a pas le choix », lance-t-il. Seule option pour continuer à circuler : faire demi-tour. Du moins quand c’est possible. Car le sud du territoire ne possède qu’une route pour rejoindre l’est ou l’ouest. Et côté est, des affrontements à Dembéni, ont bloqué à plusieurs reprises la circulation. 

 

Bloqué de 5 h à 16 h 30 sur la route 

 

Damien*, un habitant de Chiconi, s’est retrouvé ainsi bloqué dans le sud mardi soir. « J’ai été obligé de passer la nuit à Bouéni, chez un ami », raconte-t-il. Omar*, habitant Sada, a, quant à lui, patienté de longues heures avant de pouvoir rentrer chez lui. Ce coordinateur administratif dans une association basée à Tsoundzou, n’a pas pu se rendre au travail mardi matin. « Je suis parti à 5 h, la route était bloquée du côté de Tsararano. On m’avait prévenu que le passage était impossible au niveau de Combani, à cause des affrontements, j’ai donc décidé de passer par le sud. » Mais après avoir réussi à traverser le village de Mramadoudou, l’automobiliste s’est retrouvé pris au piège du côté d’Iloni. « C’était une zone de guerre à ce moment-là. Je suis redescendu mais je me suis retrouvé bloqué à Mramadoudou, impossible de faire marche arrière. » L’homme a fait demi-tour « 6 à 7 fois » en espérant que la situation se débloque. Et ce n’est que vers 16 h 30, après avoir négocié avec les gendarmes qui barraient la route du côté de Dembéni, qu’il a tenté de rejoindre l’ouest. « Je suis passé au milieu d’une bande de jeunes armés et cagoulés. Heureusement, ils n’ont pas trop prêté attention à moi et j’ai enfin pu rentrer », raconte-t-il. 

 

A Mramadoudou, alors qu’une cinquantaine d’habitants bloquaient toujours les deux entrées du village en début d’après-midi ce mercredi, César * assurait que l’axe serait bientôt libéré. « Ce n’est pas grâce aux autorités mais nous avons réussi à faire fuir l’homme qui nous cause toutes ces nuisances », précisait-il. 

 


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