Dans le cadre de la pénurie d’eau à laquelle est confrontée Mayotte, l’Agence Régionale de Santé (ARS) a intensifié les contrôles de la qualité de l’eau. Car depuis le 4 septembre, les habitants sont privés d’eau courante deux jours sur trois. Mayotte est en effet soumise à sa plus importante sécheresse depuis 1997, alors que son approvisionnement dépend largement des eaux pluviales. Les déficits pluviométriques y sont aggravés par un manque d’infrastructures et d’investissements dans un territoire qui, sous pression de l’immigration clandestine, connaît une croissance démographique de 4% par an.
Pour économiser la ressource, les autorités intensifient les coupures depuis plusieurs mois. Mais ces dernières augmentent le risque d’infiltration de bactéries dans les canalisations. « Le réseau, lorsqu’il n’est pas sous pression, peut laisser s’infiltrer de l’eau contaminée », indique Olivier Brahic, directeur général de l’ARS, qui préconise de faire bouillir l’eau pour éliminer les bactéries.
Les collèges et lycées fermés à la mi-journée
Les analyses reçues ce jeudi 21 septembre, font état de deux non-conformités de la qualité de l’eau, selon l’ARS. Ce qui la rend impropre à la consommation dans les communes de Petite-Terre et en périphérie de Mamoudzou, à Koungou, Majicavo 1 et 2, Hauts Vallons, Kawéni, Mtsapéré, Ambassadeur, Doujani et Passamainty. Une situation qui a entraîné la fermeture de nombreuses écoles, ne pouvait plus fournir d’eau potable aux élèves. « Nous avons fermé les collèges et les lycées à la mi-journée », précise Jacques Mikulovic, le recteur de Mayotte. Deux lycées, ayant pu distribuer de l’eau, sont toutefois resté ouverts. « Cette alerte nous inquiète, c’est la deuxième sur le territoire. Nous avons mis en place un comité de suivi pour informer le personnel de la situation mais nous espérons un retour à la normale très rapidement », poursuit le recteur.
« La plupart des écoles élémentaires ont également fermé », déplore Laëtitia, déléguée des parents d’élèves de l’école élémentaire Labattoir 3, en Petite Terre. L’école où sont scolarisés ses enfants, âgés de 9 et 7 ans, les a renvoyé à la maison en milieu de matinée. « Désormais, on nous propose une continuité pédagogique de 7 h à 9 h 30 seulement. Sauf que les parents travaillent », s’agace la mère de famille, qui envisage de s’organiser avec ses voisins pour garder les enfants, à tour de rôle.
Des établissements trois fois plus peuplés qu’en métropole
Pour le rectorat, l’enjeu est désormais d’anticiper « les éventuelles inconformités de longue durée. » « Nous allons nous équiper de matériel, venu de métropole, pour distribuer de l’eau potable aux élèves », assure le recteur, qui envisage également de mettre en place une alternance d’élèves pour désengorger les établissements, en sureffectif. « Quand il y a 600 élèves dans un collège et 1 000 dans un lycée en métropole c’est à peu près trois fois plus ici », souligne Bruno Dezile, secrétaire général de la CGT Educ’action Mayotte.
Pour le recteur, il serait toutefois « dramatique de fermer totalement les établissements. Ce ne sera le cas que si le chemin de l’eau (qui dessert les établissements scolaires et les centres de soins en continue, NDLR) ne peut plus être approvisionné. » Un scénario non envisagé pour le moment. « Cela doit tenir, espère-t-il. Mais nous ne le saurons qu’à l’épreuve des faits, mi-novembre. » De son côté, Bruno Dezile, secrétaire général de la CGT Educ’action Mayotte, craint surtout une crise sanitaire. « Beaucoup d’élèves se plaignent de douleurs au ventre. Et il y a de gros problèmes d’hygiène dans plusieurs établissements, s’agace-t-il. Quand on est plus en capacité de fournir de l’eau potable aux élèves, il faut fermer, ce n’est plus possible. »