Les deux coupures d’eau hebdomadaires, instaurées de 17 h à 7 h du matin, prennent habituellement fin courant février ou mars. Mais cette année, la préfecture de Mayotte a décidé de les maintenir. Et même de les intensifier. Le 12 mai dernier, les services de l’État annonçait une troisième coupure d’eau dans chaque commune du territoire avant une quatrième à partir du 12 juin. Puis « un cinquième tour nocturne aura lieu à la fin de l’année scolaire », prévient la préfecture dans un communiqué diffusé le 2 juin. Les services de l’État envisagent même une sixième coupure courant août, avant le pic de consommation liée au retour des vacances scolaires et à la rentrée.
« Il n’est jamais tombé aussi peu de pluie depuis 1997 »
En cause : un déficit pluviométrique exceptionnel. « Il n’est jamais tombé aussi peu de pluie que depuis 1997», indique la préfecture. Le niveau de remplissage des retenues collinaires et des nappes phréatiques est exceptionnellement bas. « La retenue de Dzoumogné est actuellement remplie à 25,5 %, précise Floriane Ben Hassen, responsable du centre météorologique de Mayotte. Et celle de Combani à 46 %. » A la même période, en 2022, ces deux retenues collinaires atteignaient un taux de remplissage d’environ 90 %. Sachant que les cours d’eau et les retenues collinaires assurent 80 % de l’approvisionnement en eau de Mayotte. Les nappes phréatiques représentent, quant à elles, 15 % de la ressource, humblement complétée par une usine de désalement, située en Petite-Terre, qui ne fonctionne qu’au tiers de ses capacités.
Le 2 juin dans un nouveau communiqué, la préfecture annonçait le déploiement de mesures alternatives et complémentaires « pour s’adapter collectivement, tant sur le plan de la distribution que sur l’augmentation de la ressource. » Avec pêle-mêle, « la recherche et la résolution de fuites d’eau, l’implantation d’osmoseurs de moyenne ou de grande capacité – permettant de désaliniser l’eau -, le développement de la capacité de l’usine de désalement, ou encore l’implantation de cuves dans les établissements scolaires et de santé, la distribution de kits d’économie d’eau, ou le contrôle des prix de l’eau embouteillée et le travail avec les importateurs sur les approvisionnements, pour une non rupture des stocks… »
La production ne parvient pas à répondre à la demande
Pour autant, la production n’arrive pas à accompagner la hausse de la demande, qui serait de l’ordre de 5 % par an selon le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux. En cause : l’évolution démographique et la hausse du niveau de vie des Mahorais. Tant que les infrastructures ne suivront pas, les coupures d’eau devraient donc être maintenues.