Alors qu’en Algérie la sacralité de cette fête ne laisse aucune place au débat, au Maroc et en Tunisie, les appels se multiplient en faveur de son annulation pour des raisons économiques. Cependant, c’est au Maroc que cette campagne prend de l’ampleur. Par le passé, les autorités marocaines avaient suspendu le rituel du sacrifice pour des raisons économiques, notamment en raison de sécheresses. Cela s’est produit à trois reprises dans l’histoire du Maroc, avec l’Aïd al-Adha suspendu en 1963, 1981 et 1996.
Pour cette année 2023, le pouvoir d’achat au sein du Royaume chérifien a considérablement diminué. Les prix des moutons ont augmenté de 15 à 25 %, selon Observalgerie. Les Marocains traversent une période difficile, les ménages peinent à joindre les deux bouts. La classe moyenne et les plus démunis n’ont pas les moyens d’acheter des moutons pour les sacrifier. Ajoutez à cela la baisse de la production ovine due à la sécheresse qui sévit dans le pays, et la situation devient intenable. De nombreux Marocains ont donc lancé une campagne avec le hashtag « annulation de l’Aïd al-Adha » pour exercer une pression sur le gouvernement.
Cependant, le gouvernement marocain tient à la célébration de l’Aïd. Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a fermement rejeté cette option. Il a toutefois assuré que son gouvernement régulerait les prix afin de ne pas léser les Marocains. Mais est-ce suffisant ? Au Maroc, réguler les prix des moutons dans ce contexte ne suffit pas. Même si les prix diminuent légèrement, ils restent inaccessibles pour les couches les plus vulnérables de la population.
En Tunisie, la campagne pour l’annulation de l’Aïd est plus timide. En février, le représentant des bouchers a demandé cette annulation, mais la démarche diffère de celle du Maroc. Le représentant des bouchers a justifié sa demande auprès du grand mufti de la République en mettant en avant la préservation du cheptel local.